Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/306

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les lèvres minces, les yeux bridés, mais moins que les Chinois et les Malais. Les femmes sont laides ; elles portent un petit tablier qui leur descend jusqu’aux genoux. Ces insulaires se retirent sur les montagnes les plus escarpées, dont le pied aboutit à la mer ; ce n’est que par des échelles ou des espèces d’escaliers formés de marches très-étroites, et des sentiers extrêmement difficiles, qu’on parvient à leurs villages.

Leurs pirogues réunissent la légèreté à la solidité ; elles sont assez grandes pour contenir vingt à trente hommes ; ils s’en servent pour aller à la pêche. L’agriculture est l’occupation des femmes, qui ont aussi le soin du ménage. L’on ne voit parmi eux aucune distinction d’état. Dampier avait vanté la bonté de leur caractère : les Français eurent sujet de se convaincre que l’éloge n’était pas exagéré ; lorsque les matelots travaillaient, les insulaires les aidaient, et ne souffraient pas même qu’ils missent la main à l’ouvrage, quand ils pouvaient le faire. Cependant ils n’exigeaient aucun salaire. Ils s’empressaient d’apporter des provisions ; ils prêtaient leurs pirogues ; enfin ils se montraient obligeans, hospitaliers et généreux.

Surville rend justice à leur bonne foi ; il fait l’éloge de leur humanité ; mais sa conduite dut leur inspirer une bien mauvaise idée de lui. Trois de ses matelots désertèrent la veille du départ du vaisseau ; dès qu’il en fut instruit, il fit arrêter à terre six insulaires. Dès que