Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/307

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ceux qui commerçaient paisiblement à bord virent leurs camarades qu’on emmenait prisonniers, la plupart se précipitèrent les uns dans leurs pirogues, les autres à la mer pour gagner leur île. Quoiqu’ils fussent en très-grand nombre, ils n’opposèrent aucune résistance à la violence dont on usait envers eux ; lorsque, dans ce moment d’alarme et de confusion, on en arrêta vingt que l’on conduisit, les mains liées derrière le dos, dans la chambre du conseil. Parmi ceux-ci quelques-uns eurent le courage de se jeter à la mer, et, au grand étonnement de l’équipage, eurent assez de force et d’adresse pour nager jusqu’à une de leurs pirogues qui se tenait à une assez grande distance du vaisseau pour n’en avoir rien à redouter.

On s’efforça de faire comprendre aux prisonniers qu’on n’en était venu à cette extrémité envers eux que dans l’espérance que leurs camarades ramèneraient les trois matelots qui avaient déserté. Ils exprimèrent par signes qu’ils entendaient ce qu’on demandait ; Surville les fit donc mettre en liberté, à l’exception des six saisis à terre ; et, à leur demande, on leur remit des cordes. Aussitôt ils se jetèrent dans leurs pirogues avec une grande précipitation. Le traitement qu’ils avaient éprouvé, et l’ardeur avec laquelle ils s’empressaient de s’éloigner du vaisseau, ne faisaient pas regarder leur retour comme probable. Aussi la surprise fut grande lorsque peu de temps après