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le voisinage d’une terre : tout semblait l’annoncer, et les vœux de l’équipage s’y portaient avec ardeur, dans l’espoir de s’y procurer des rafraîchissemens et d’y jouir de quelques jours de repos que les fatigues qu’il avait essuyées et le scorbut qui commençait à faire de grands progrès à bord lui rendaient si nécessaire. On était bien loin de soupçonner que cette terre après laquelle on soupirait serait la source de grands malheurs.

Le 6 octobre, au coucher du soleil, on crut reconnaître la terre dans le sud-sud-ouest : le 7, au point du jour, il n’y eut plus d’incertitude. À midi l’observation donna 6° 56′ sud, et l’estime 151° 30′ est. On nomma une île, île de la première Vue. Une chaîne de montagnes commençait à un gros morne que l’on apercevait au delà, et qui s’étendait à toute vue jusqu’à l’ouest un quart sud-ouest. Comme on ne connaissait aucun voyageur qui eût fait mention de terres entre la Nouvelle-Bretagne et la terre australe du Saint-Esprit de Quiros, on en conclut que celles que l’on venait de reconnaître n’avaient été aperçues par aucun navigateur.

Du 9 au 13 on louvoya avec de petits vents, des calmes et des courans, relevant les terres qu’on avait déjà reconnues, et celles qui se montrèrent pour la première fois, et n’osant se livrer avec ces temps incertains sur une côte qui paraissait très-entrecoupée, et pouvait être précédée de bancs et de récifs. On distin-