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En quittant cette terre qui avait été si funeste à ses équipages, Surville ne voulut pas rendre la liberté au jeune insulaire, qui se nommait Lova-Sarega ; mais il le traita avec beaucoup de bonté, et le fit manger à sa table. Lova-Sarega montra beaucoup de pénétration et de jugement, et surtout une heureuse facilité à apprendre différentes langues. Ses bonnes qualités lui méritèrent l’affection générale ; on lui fut redevable de divers renseignemens que l’on va donner sur son pays.

Les productions qu’il put indiquer, et dont on n’avait reconnu que quelques-unes, sont la banane, la canne à sucre, l’igname, le coco, la badiane, et l’amande dont on a parlé plus haut. Ces peuples se nourrissent de tortues et de poissons. Ils font aussi usage du binao, plante qui leur tient lieu de pain. Ils mâchent l’écorce d’un arbre qui a le goût de la cannelle. Pour s’éclairer, ils se servent d’un arbre résineux qui répand une odeur agréable en brûlant. Ils ont dans leurs bois des cacatoes, des loris, des pigeons ramiers et divers autres oiseaux, et dans leurs marécages, des courlis, des bécassines, et des espèces de canards ; ils ne connaissent pas celui d’Europe ; ils ont des poules, et les sangliers abondent dans leur pays.

Ces insulaires sont d’une stature moyenne, mais forts, nerveux et bien proportionnés. Ils ne paraissent pas appartenir tous à la même race ; les uns sont basanés, ont les cheveux lisses, et les coupent de différentes manières ;