Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/325

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blessés se rétablirent ; mais les blessures que Labé avaient reçues aux cuisses résistèrent long-temps au traitement : dix mois après, les plaies saignaient encore, ce qui donna lieu de soupçonner que les flèches qui l’avaient atteint étaient empoisonnées.

Surville, ayant reconnu l’impossibilité de se procurer d’autres secours dans sa relâche, prit le parti, le 21 octobre, de quitter cette terre, qu’il nomma Terre des Arsacides, à cause des hostilités qu’il y avait éprouvées. Le port dans lequel on avait mouillé fut nommé port Praslin. Avant d’en sortir, Surville laissa des inscriptions pour constater la venue du Saint-Jean-Baptiste, et des avertissemens aux navigateurs qui voudraient y aborder, pour qu’ils eussent à se tenir en garde contre la trahison des naturels. Le port Praslin serait un des plus beaux du monde, si la qualité du fond ne s’opposait pas à ce qu’il ait un bon port. La férocité des peuples qui habitent les îles dont il est fermé n’a pas permis de pénétrer dans l’intérieur du pays, et l’on n’a pu examiner que les parties voisines de la mer. On n’a aperçu aucun terrain cultivé. Les terres qui entourent le port, quoique sous l’eau à la mer haute, et presque partout marécageuses, sont couvertes d’arbres de haute futaie de différentes espèces.

On crut remarquer le cafeyer sauvage, l’ébénier, des baumiers tacamaca, quelques autres qui abondent en résine, ou qui produisent des amandes dont les insulaires se nourrissent.