Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/331

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qu’il y consentit. Il grimpa ensuite jusqu’à la hune d’artimon avec l’agilité du meilleur matelot, et examina très-attentivement, de ce lieu toutes les parties du vaisseau. Redescendu sur la dunette, il se mit à faire des gambades. S’adressant ensuite à ses compatriotes, il les engageait par les gestes les plus extraordinaires à venir le rejoindre. Il suivit Surville dans la chambre du conseil. Comme il continuait à demander tout ce qu’il voyait, on parvint à le satisfaire en lui donnant un couteau flamand et deux aunes de toile bleue. Il discerna fort bien que Sur ville était le chef, et lui fit entendre qu’il l’était aussi.

Enhardis par son exemple, et plus encore par ses invitations, une douzaine de ses compatriotes montèrent à bord. On ne leur permit pas d’y apporter leurs armes ; mais leurs pirogues étaient remplies de lances, de flèches ébarbelées et d’arcs. Ces insulaires étaient absolument nus, et, comme ceux du port Praslin, paraissaient appartenir à différentes races : d’ailleurs ils leur ressemblaient par leurs ornemens et leur parure. Leurs pirogues sont mieux travaillées.

Le chef avait invité Surville de venir le voir à terre, et lui avait fait entendre qu’il trouverait en abondance des provisions de toute espèce. Ces démonstrations d’amitié, ces assurances ne pouvaient inspirer à Surville une grande confiance. La scène du port Praslin était trop présente à son esprit pour qu’il ne se tînt