Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’aux environs du pôle, dans un espace immense où l’on n’avait pas encore pénétré. On citait à ce sujet le voyage de Gonneville, navigateur français, qui, selon l’opinion commune, avait abordé à ces terres en 1503, et y avait séjourné six mois, pendant lesquels il avait été fort bien traité par les gens du pays. Mais comme on ne connaissait ce voyage de Gonneville que par un extrait publié plus de cent cinquante ans après que son expédition avait eu lieu, on ne pouvait avoir que des idées très-confuses sur sa découverte ; l’exemple était donc mal choisi. D’ailleurs il est vraisemblable que Gonneville n’alla pas au delà de Madagascar, et que c’est dans cette île qu’il séjourna.

Les instructions ajoutaient que, si Kerguelen découvrait les terres australes, il devait chercher un port où il pût être à l’abri ; prendre toutes les précautions possibles pour descendre à terre avec sûreté ; tâcher de lier commerce et amitié avec les habitans ; examiner les productions du pays, sa culture, ses manufactures, s’il y en avait, et quel parti on en pourrait tirer pour le commerce de la France. On voit par ces instructions que la connaissance de la partie australe du globe n’était pas encore bien avancée en 1771. Ce ne fut que quelques années après qu’une des plus hardies navigations qui aient jamais été entreprises, et dont nous entretiendrons plus tard nos lecteurs, fit enfin disparaître cette chimère de