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s’être approvisionné de tout ce dont on avait besoin, on quitta ce port le 19 novembre ; les matelots nommèrent cette île le Paradis Terrestre. Le 8 décembre on mouilla dans le port de Cavite, dans la baie de Manille. Le 15 février, le Castries, entièrement réparé, fit voile pour l’Île-de-France ; le Mascarin ne put le suivre que le 1er. mars. Les deux vaisseaux arrivèrent heureusement à leur destination, sans avoir rapporté de ce long voyage les productions nouvelles dont Poivre voulait enrichir la colonie confiée à ses soins.

On a vu plus haut que la recherche des terres australes occupait fortement les esprits en France à l’époque des voyages que l’on vient de lire. On croyait fermement à leur existence, et l’on supposait que l’on y pourrait former des établissemens utiles au commerce et à la navigation. Il n’est pas surprenant que Kerguelen ait été favorablement écouté, lorsqu’en 1770 il proposa au ministre de la marine le plan d’une campagne de découvertes dans les mers antarctiques. On lui donna le commandement du vaisseau du roi le Berrier, avec lequel il partit de Lorient le 1er. mai 1771. Il avait trois cents hommes d’équipage. Il prit pour quatorze mois de vivres.

Ses instructions portaient que, selon toutes les apparences, il existait un très-grand continent dans le sud des îles de Saint-Paul et d’Amsterdam, et qui devait occuper une partie du globe depuis les 45° de latitude sud