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vembre, repassa la ligne. Le 15 décembre, il était de retour à l’Île-de-France. Suivant son opinion, la route proposée par Grenier n’offre pas assez d’avantages sur celle que l’on prenait ordinairement pour la faire préférer, et présente autant de dangers ; mais cet avis n’a pas prévalu, et l’expérience a décidé la question. La route de Grenier est la seule qui soit suivie par les bàtimens qui vont dans l’Inde pendant la mousson du nord-est.

Rochon avait refusé d’accompagner Kerguelen, et sa conduite avait été approuvée. Ce dernier remit en mer le 16 janvier 1772, pour aller à la recherche des terres australes, dirigeant le plus qu’il lui fut possible sa route directement au sud. Il vit des annonces de terre du 1er. au 10 février, depuis les 37 jusqu’aux 42e. degrés de latitude. Il tombait de la neige et de la grêle ; le vent était fort, la mer grosse, la brume très-épaisse. Le 12 février on était par 50° 5′ de latitude ; on vit une petite île. Le lendemain on en découvrit une autre plus à l’est, et successivement on découvrit des terres toutes très-hautes, qui présentaient une étendue de vingt-cinq lieues de côtes. Kerguelen resta devant les îles jusqu’au 18. Le mauvais temps, les brumes, le délabrement de son vaisseau le forcèrent à partir sans avoir pu débarquer. Sa conserve, dont il avait été séparé par une tempête, fut plus heureuse ; elle mit à terre, et y laissa un acte de prise de possession.