Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/54

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en plusieurs endroits des gémissemens et des cris semblables à ceux des mourans.

» Quoique je fusse attaqué d’une maladie bilieuse et inflammatoire, j’avais cependant toujours pu me tenir sur le pont ; mais les symptômes devinrent si menaçans, que je fus obligé le soir de me mettre au lit. Le maître se mourait des blessures qu’il avait reçues dans son combat avec les Indiens ; mon lieutenant, M. Gower, était aussi très-mal ; le canonnier et trente matelots étaient incapables de faire leur service ; et parmi ceux-ci il y en avait sept des plus vigoureux et de la meilleure» santé qui avaient été blessés avec le maître. Nous n’avions point d’espoir de nous procurer en cet endroit les rafraîchissemens dont nous avions besoin. Ces circonstances affligeantes découragèrent beaucoup l’équipage, et je perdis l’espérance de pouvoir continuer mon voyage vers le sud. Excepté mon lieutenant, le maître et moi, il n’y avait personne à bord qui fût en état de reconduire le vaisseau en Angleterre ; je voyais le maître aux portes du tombeau, et il était très-incertain si mon lieutenant et moi pourrions recouvrer la santé. J’aurais fait de nouveaux efforts pour trouver des rafraîchissemens, si j’avais eu des instrumens de fer, de la verroterie, et d’autres quincailleries, avec lesquelles je pusse regagner l’amitié des naturels du pays, et acheter d’eux les provisions qui croissent dans leur île. Mais je manquais de tous ces objets, et ma situation ne me permettant pas