Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/58

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et entièrement nu, de même que tous ses compatriotes que nous avions vus. Sa pirogue, très-petite et grossièrement travaillée, ne consistait qu’en un tronc d’arbre creusé : elle avait pourtant un balancier ; aucune de celles qui s’étaient offertes à nos regards n’avait de voiles.

» Je gardais toujours le lit, et ce fut avec un regret infini que j’abandonnai l’espoir d’obtenir des provisions fraîches dans cet endroit, d’autant plus que nos gens me dirent avoir vu, lorsque nous faisions voile le long de la côte, des cochons et des volailles en grande abondance ; enfin des cocotiers, des bananiers, et beaucoup d’autres végétaux qui nous auraient bientôt rendu la santé et la vigueur que nous avions perdues par les fatigues et les peines d’un long voyage ; mais je ne pouvais pas m’attendre à établir un commerce amical avec les naturels, et je n’étais pas en état de me procurer par la force ce dont j’avais besoin. J’étais dangereusement malade ; la plus grande partie de mon équipage, comme je l’ai déjà observé, était infirme, et le reste découragé par les contretemps et les travaux. Quand même mes matelots auraient été bien portans et de bonne volonté, je n’avais point d’officiers pour les conduire et les diriger dans une pareille entreprise, ni pour commander le service à bord du vaisseau. Les obstacles qui m’empêchèrent de prendre des rafraîchissemens dans cette île furent cause aussi que je n’examinai pas les autres îles situées