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mer, et nous considérèrent sans avoir l’air disposés à s’approcher davantage. Je continuai donc ma route, et je vis une lagune à l’entrée de laquelle se trouve une île que je nommai île de Trévanion. Comme j’aperçus un grand bouillonnement dans l’eau à l’une des entrées de la lagune, j’envoyai un canot pour sonder. Nous ne trouvâmes pas fond à cinquante brasses, et je reconnus que la rencontre des marées causait ce mouvement extraordinaire de l’eau.

Dès que les insulaires eurent vu le canot quitter la corvette, ils dépêchèrent plusieurs pirogues armées pour l’attaquer. Quand la première fut à portée elle décocha ses flèches sur les gens du canot, qui, se tenant sur leurs gardes, tirèrent une volée de coups de fusil, dont un Indien fut tué et un autre blessé. Nous tirâmes en même temps du vaisseau un coup de canon chargé à mitraille qui porta au milieu de leur flotille ; toutes les pirogues gagnèrent la terre avec la plus grande précipitation, à l’exception de celle qui avait commencé l’attaque ; elle fut saisie avec l’Indien blessé, et amenée à la corvette. L’Indien apporté à bord, le chirurgien examina ses blessures ; une balle lui avait percé la tête, une seconde lui avait cassé le bras ; la blessure de la tête fut jugée mortelle. Je fis remettre l’Indien dans sa pirogue : malgré son état, il rama vers la côte. C’était un jeune homme ; quoique sa tête fût laineuse comme celle des nègres, il avait le teint moins noir et les traits fort réguliers. Il était d’une taille moyenne