Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apparemment que son nombreux équipage les intimida ; elles s’en retournèrent.

Le 2 de novembre Carteret mouilla dans une baie un peu plus à l’est près de l’embouchure d’une rivière. Deux canots qu’il envoya pour remplir des futailles d’eau revinrent sans avoir vu d’habitans ; mais il aperçut une pirogue qui, doublant la pointe occidentale de la baie, semblait avoir été expédiée pour examiner la corvette ; il arbora pavillon anglais espérant engager la pirogue à s’approcher de son vaisseau ; mais, après l’avoir considéré pendant quelque temps, elle s’en alla. Le soir on entendit tout à coup un grand bruit sur la partie de la côte située vis-à-vis de la corvette ; il était produit par la réunion d’un grand nombre de voix d’hommes, et ressemblait beaucoup au cri de guerre des sauvages de l’Amérique à l’instant du combat.

« Je fus alors de plus en plus convaincu, continue Carteret, de la nécessité d’employer le peu qui nous restait de forces le mieux qu’il serait possible. Le lendemain on acheva de retirer les canons de la cale, et l’on raccommoda les manœuvres. N’apercevant aucun des insulaires qui s’étaient efforcés de nous effrayer par leurs cris pendant la nuit, j’envoyai à onze heures du matin la chaloupe à terre, pour prendre encore une provision d’eau. Persuadé que les insulaires s’étaient cachés dans les bois, je tins le grand canot armé avec le lieutenant à bord, tout prêt à donner du secours à nos gens dans