Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/75

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le cas où ils seraient menacés de quelque danger. Mes conjectures étaient fondées. Nos matelots n’eurent pas plus tôt quitté la chaloupe, qu’un gros d’Indiens armés sortit du bois ; l’un d’eux portait à la main quelque chose de blanc que je pris pour un signe de paix. Par une suite de l’équipement défectueux de ma corvette, dont j’avais souffert plus d’une fois, nous n’avions pas de pavillon blanc à bord ; j’y suppléai par une nappe que je remis au lieutenant. Dès qu’il eut débarqué avec ce pavillon, le porte-étendard des Mindanayens et un autre insulaire s’avancèrent vers lui sans armes, et en lui faisant de grandes démonstrations d’amitié. L’un d’eux lui adressa la parole en hollandais qu’aucun de nous ne comprenait. Il proféra ensuite quelques mots en espagnol : heureusement un de nos matelots savait fort bien l’espagnol ; mais le Mindanayen le parlait si mal, que ce ne fut qu’avec beaucoup de peine et par le secours de beaucoup de signes qu’il parvint à se faire comprendre. Il demanda quel était le capitaine qu’il appelait Skyper ; si nous étions Hollandais, si notre bâtiment était un vaisseau de guerre ou un navire marchand ; combien il portait d’hommes et de canons ; si nous avions à Batavia ou si nous en revenions. Quand on eut répondu à toutes ces questions, il dit que nous devions aller à la ville, et qu’il nous introduirait chez le gouverneur, auquel il donnait le titre de rajah. Le lieutenant répliqua que notre dessein était d’y aller, mais que nous