Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/76

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avions un grand besoin d’eau, et qu’il demandait la permission d’en remplir quelques barriques ; il pria en même temps que l’on fit écarter un peu plus loin les insulaires qui étaient armés d’arcs et de flèches. Le Mindanayen acquiesça à ce désir. Comme il paraissait regarder avec une attention particulière un mouchoir de soie que le lieutenant avait au cou, celui-ci le lui présenta. Le Mindanayen, qui était à peu près vêtu comme un Hollandais, lui offrit en retour une espèce de cravate d’une toile de coton grossière. Après cet échange de mouchoirs de cou, il demanda si nous avions à bord des marchandises pour commercer ; l’officier répondit que nous n’en avions que pour acheter des provisions ; sur quoi le Mindanayen repartit que nous aurions tout ce dont nous avions besoin.

» Cette conférence me faisait augurer favorablement des avantages que nous pourrions tirer de ce lieu, lorsque deux heures après je vis, à ma surprise et à ma douleur extrêmes plusieurs centaines d’hommes armés qui se plaçaient en différens endroits, entre les arbres, le long du rivage, vis-à-vis de la corvette. Ils avaient des fusils, des arcs, des flèches, de grandes lances, des sabres, des crics et des boucliers. Je remarquai aussi qu’ils retirèrent dans les bois une grande pirogue placée sur la plage, sous un hangar. Ces apparences n’étaient rien moins que pacifiques ; elles furent suivies de démonstrations encore plus hostiles. Les