Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/82

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mêlée d’indignation dans lequel nous passâmes le reste du jour et la nuit. Le lendemain de grand matin, nous eûmes la douleur de voir deux bâtimens armés en guerre et montés par beaucoup de soldats, venir mouiller des deux côtés de la corvette. Ils ne voulurent rien répondre aux questions qui leur furent adressées. Vers midi la brise de mer se leva ; alors n’ayant pas reçu de nouvelles du gouverneur, j’avançai contre la ville, bien résolu de repousser la force par la force. Heureusement pour les Hollandais et pour nous, les deux bâtimens se bornèrent à lever l’ancre en même temps que nous.

» Bientôt après un bâtiment léger, qui portait une troupe de musiciens et plusieurs officiers, s’approcha de nous. Les officiers me dirent qu’ils venaient de la part du gouverneur, mais qu’ils ne monteraient pas à bord, si je ne jetais pas l’ancre. On mouilla sur-le-champ ; ils montèrent à bord de la corvette, témoignèrent de la surprise de ce que j’avais fait avancer mon vaisseau, et me demandèrent quels étaient mes desseins. Je répétai ce que j’avais dit la veille, ajoutant qu’il valait mieux mourir tout d’un coup dans un combat dont la cause était juste que de souffrir tous les jours le tourment de prévoir une mort inévitable ; enfin, je leur dis qu’aucun peuple civilisé ne laissait périr de faim ses prisonniers de guerre, et encore moins des hommes appartenant à une nation amie, qui ne demandaient que la