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permission d’acheter des vivres. Ils convinrent de la vérité de mon discours, mais en disant que je m’étais trop pressé ; je répliquai que j’avais attendu tout le temps que j’avais fixé. Alors ils me firent des excuses de n’être pas venus plus tôt, et, pour preuve qu’on nous accordait ce que nous désirions, ils ajoutèrent que leur bâtiment apportait des vivres. Nous les prîmes aussitôt à bord. Mais, à mon grand étonnement, ils me montrèrent une seconde lettre du gouverneur qui m’enjoignait de nouveau de quitter le port, justifiant cet ordre par une convention conclue avec les rois de l’île, qui avaient déjà témoigné du mécontentement de notre arrivée, parce que le traité portait qu’aucun vaisseau étranger ne pouvait ni séjourner ni commercer dans le port. Les officiers qui devaient me donner de plus amples éclaircissemens sur ce point, n’ayant pas voulu reconnaître la différence réelle qui existait entre le Swallow et un navire marchand, et m’ayant fait des propositions qui rentraient toutes dans celles de mon départ de cette île avant le retour de la mousson, je réitérai ma première déclaration ; et, afin de lui donner plus de force, je leur fis voir le cadavre d’un de mes matelots qui était mort le matin, et dont les jours auraient probablement été sauvés, s’ils nous avaient vendu des vivres dès le premier jour. Ce spectacle les déconcerta : après un moment de silence ils s’informèrent avec empressement si j’avais été dans les îles à