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servait d’hôpital ; aucun naturel du pays ne pouvait s’approcher plus près que cette distance, ni rien leur vendre ; de sorte que nos gens n’achetaient rien que par l’entremise des Hollandais qui abusaient honteusement de cette faculté. J’en portai mes plaintes au résident, à l’officier et au secrétaire. Le résident réprimanda les soldats, mais sa harangue produisit si peu d’effet, que je ne pus m’empêcher de soupçonner de la connivence entre l’officier et ses soldats.

» Il ne se passa rien de remarquable jusqu’au 19 février 1768, que l’officier commandant du poste fut rappelé à Macassar pour entreprendre, disait-on, une expédition à l’île de Bally. Le 7 mars le plus grand de nos bateaux de garde eut ordre de retourner à Macassar avec une partie des soldats, et le 9 le résident reçut une lettre du gouverneur qui demandait quand je partirais pour Batavia. J’avais été surpris du rappel de l’officier et du bateau de garde ; je le fus bien davantage de la lettre du gouverneur, puisqu’il savait que, la mousson d’est ne commençant qu’au mois de mai, je ne pouvais faire voile avant cette époque. Cependant les choses restèrent dans le même état jusqu’à la fin du mois. Quelques-uns de mes matelots remarquèrent alors que depuis peu de temps un petit canot venait rôder autour de nous à différentes heures de la nuit, et s’enfuyait dès qu’il remarquait le moindre mouvement à bord de la corvette. Le 29 nous raisonnions sur ce sujet,