Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/87

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est défendue par du canon ; car les naturels avaient des armes à feu européennes long-temps avant que les Hollandais eussent remplacé les Portugais à Macassar.

» Cette lettre fut pour nous un nouveau sujet de surprise et de réflexions. Quoiqu’elle fût très-mal écrite et très-mai rédigée, elle n’en méritait pas moins d’attention. Je ne pouvais décider jusqu’à quel point l’avis qu’elle contenait était fondé ; mais, en le rapprochant de toutes les circonstances dont j’ai parlé plus haut, il était fait pour me donner à penser. La précaution était le garant de la sûreté ; je pris toutes les mesures nécessaires pour nous défendre et éviter une surprise. Le résident était absent ; je lui écrivis dans les termes les plus pressans pour lui demander une conférence. Il vint à bord le 5 avril ; quelques minutes de conversation me convainquirent qu’il ignorait entièrement le projet qui m’alarmait ; il le regardait comme une fable. Cependant il promit de faire des recherches sur le motif de la visite que lui avait rendue depuis peu un conseiller du roi de Bony, qui n’en avait pas trop bien expliqué la cause. Quelques jours après il m’écrivit qu’effectivement un des princes de Bony était venu à Bonthain sous un déguisement, mais seul.

» Le 7 mai le résident me remit une longue dépêche du gouverneur, portant en substance qu’il avait entendu parler d’une lettre dans laquelle on l’accusait d’avoir formé, conjointement avec le roi de Bony, le projet de nous