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égorger ; il se récriait sur cette affreuse calomnie, protestant de la pureté de ses sentimens, et me priait de lui en délivrer la lettre pour qu’il en fît punir l’auteur comme il le méritait. Je répondis au gouverneur que je ne l’accusais ni lui ni ses alliés, mais que je garderais la lettre.

» Le 22, au point du jour, je partis de Bonthain. Cette ville, située à la côte orientale de Célèbes, par 5° 10′ de latitude sud, et 117° 28′ de longitude est, est bâtie sur une pointe de terre, dans une plaine arrosée par une rivière qu’un vaisseau peut remonter jusqu’à une demi-portée de canon des murailles de la ville. Le pays paraît bien peuplé ; les maisons sont entremêlées de cocotiers et d’autres arbres. Le terrain, en s’éloignant de la mer, s’élève en collines très-hautes. Plus loin il est hérissé de montagnes. La baie de Bonthain est très-sûre ; le fond y est de bonne tenue. Le fort, qui est monté de huit pièces de canon de huit, suffit pour contenir les naturels dans la soumission. Le résident commande la place, ainsi que Bollocomba, autre ville située vingt milles plus à l’est, où il y a aussi un fort et quelques soldats qui dans la saison sont occupés à recueillir le riz que les naturels livrent aux Hollandais comme impôt. On peut se procurer aisément dans cette baie du bois, de l’eau et des provisions fraîches. Le bœuf est excellent, mais rare ; les sangliers sont nombreux dans les bois ; on les achète à bon marché, parce que les natu-