jambes de l’autruche ou deux de celles du guanaque, les enveloppe aussitôt par la force et le mouvement de rotation des pierres, et arrête l’animal, qui devient alors aisément la proie du chasseur.
» Tandis que nous étions à terre, nous les vîmes manger de la chair crue, entre autres, le ventre d’une autruche, sans autre préparation que de le retourner en mettant le dedans en dehors, et de le secouer.
» Nous remarquâmes aussi qu’ils avaient plusieurs grains de verroterie comme ceux que je leur avais donnés, et deux morceaux d’étoffe rouge : nous supposâmes que le commodore Byron les avait laissés en cet endroit ou dans quelque canton voisin.
» Après avoir passé environ quatre heures avec ces Américains, je leur fis entendre par signes que j’allais retourner à bord, et que j’en emmènerais quelques-uns d’entre eux avec moi, s’ils le désiraient. Dès qu’ils m’eurent compris, plus de cent se présentèrent avec empressement pour aller sur le vaisseau ; mais je ne voulus pas en recevoir plus de huit. Ils sautèrent dans les canots avec la joie qu’auraient des enfans qui vont à la foire ; comme ils n’avaient aucune mauvaise intention, ils ne nous en soupçonnaient aucune. Pendant qu’ils étaient dans les canots, ils chantèrent plusieurs chansons de leur pays ; lorsqu’ils furent sur le vaisseau, ils n’exprimèrent pas les sentimens d’étonnement et de curiosité que paraissaient devoir exciter