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rien n’avait corrompu la bonté de son cœur et la droiture de son entendement.

» Le 16 mars 1774 on quitta cette île pour se rendre à celles des Marquésas, dans le cas où l’on n’en pourrait découvrir d’autres dans l’intervalle qui les sépare de l’île de Pâques.

» Tous ceux qui avaient fait de longues courses à travers cette île avaient le visage brûlé par le soleil ; ils éprouvaient des douleurs extrêmes à mesure que la peau se levait. Le séjour à terre et le peu de végétaux qu’on y venait de prendre avaient rétabli la santé des scorbutiques ; mais plusieurs éprouvèrent bientôt des rechutes, et se plaignirent de constipations et de maladies bilieuses, qui sont mortelles dans les climats chauds. Le chirurgien fut obligé de garder le lit ; et, ce qu’il y eut de plus malheureux, les malades ne pouvaient pas manger de patates, parce quelles étaient trop venteuses pour leurs estomacs faibles.

» Le ciel en général fut serein, et la couleur de la mer d’un bel azur plus ou moins foncé, suivant celle du firmament. Les dauphins, les bonites et les requins, se montraient de temps en temps, ainsi que différens oiseaux qui se battaient avec les poissons volans. La chaleur du soleil, tempérée par le mouvement rapide de l’air, nous permettait, à notre grande satisfaction, de faire des promenades sur les ponts. Nous avions besoin de ces beaux jours pour ramener nos esprits défaillans : les végétaux de l’île de Pâques étaient déjà consommés ;