Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/10

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res de chaque pile étaient généralement blanches ; peut-être qu’elles le sont toujours ainsi quand le tas est complet. Sûrement ces tas ont quelque objet : il est probable qu’ils indiquent les endroits où des morts ont été enterrés, et qu’ils tiennent lieu des grandes statues.

» Les outils de ce peuple sont très-mauvais, et, comme ceux de tous les autres insulaires de cette mer, composés de pierres, d’os et de coquillages, etc. ; ils attachent peu de prix au fer et aux ouvrages de ce métal ; ce qui est extraordinaire, car ils en connaissent l’usage ; mais on peut conjecturer de là qu’ils n’en ont pas un grand besoin.

» Enfin, en supposant que les volcans ont bouleversé depuis peu cette île, ses habitans doivent plus exciter de pitié qu’aucun autre pays moins civilisé, puisque, connaissant les commodités, les aisances et le luxe de la vie, le souvenir de ces biens doit leur en rendre la perte plus sensible. Oedidi déplorait souvent leur situation, et semblait prendre plus de part à leurs maux qu’à ceux des Zélandais. Il ajouta un autre bâton au paquet qui composait son journal, et il grava dans sa mémoire cette observation sur l’île de Pâques, Tata Maïtai, Ouahennoua, Eéno ; « le peuple y est bon, mais l’île est très-pauvre ; » au lieu qu’à la Nouvelle-Zélande, il faisait plus de reproches aux habitans qu’au pays. Ses sentimens étaient toujours humains, et ses idées toujours justes :