Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/116

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terre, où on joua pour nous une pièce appelée Mididii Haramaï, ce qui signifie l’Enfant vient. Le dénoûment fut l’accouchement d’une femme en travail : ils firent paraître tout à coup sur la scène un gros enfant, haut d’environ six pieds, qui courut autour du théâtre, traînant après lui un grand torchon de paille, suspendu par une corde à son nombril.

» L’homme qui joua le rôle de la femme fit tous les gestes que les Grecs allaient admirer dans les bosquets de Vénus-Ariadne, près d’Amathonte, où on observait la même cérémonie, le second jour du mois Gorpioeus, en mémoire d’Ariadne qui mourut en couches[1]. Ainsi l’imagination folle des hommes a inventé dans tous les pays les coutumes les plus extravagantes. Il est impossible d’exprimer les éclats de rire des naturels lorsqu’ils virent le nouveau-né courir sur la scène, et poursuivi par les danseuses, qui essayaient de l’attraper. Les femmes contemplèrent sans rougir toute la pièce, qui n’était point du tout indécente pour elles, et elles ne furent pas obligées, comme nos dames d’Europe, de regarder à travers leurs éventails. Au commencement, à la fin et dans les entr’actes, il y eut des danses et des pantomimes, Poyadoua, fille d’Oréo, déploya son agilité ordinaire, et nous l’applaudîmes de bon cœur ; des hommes jouèrent aussi des farces, dans les chansons desquelles nous recon-

  1. Voyez Plutarque, vie de Thésée.