Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/119

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vie pendant notre dangereuse et triste campagne, on ne cessa point de lui en demander ; et, quoiqu’il donnât de bon cœur tout ce qu’il avait, ses connaissances l’accusaient d’avarice. Il fut bientôt réduit à venir à bord nous supplier de lui accorder de nouveaux trésors ; car il n’avait plus que quelques plumes rouges et d’autres curiosités, qu’il destinait à O-pouny, son parent, roi de Bolabola.

» Le 30 mai je partis avec les deux canots, accompagné des deux MM. Forster, d’Oedidi, du chef, sa femme, son fils et sa fille, pour une habitation située à l’extrémité septentrionale de l’île, et qu’Oedidi disait être à lui. Il nous avait tant parlé de ses possessions, que quelques-uns des officiers paraissaient en douter, et il fut bien aise de prendre une occasion de se justifier. Il avait promis de nous donner des cochons et des fruits en abondance ; mais, en arrivant dans cet endroit, nous trouvâmes que le pauvre Oedidi n’y jouissait d’aucune autorité, quelque droit qu’il put avoir au ouenoua, que possédait alors son frère. Celui-ci, bientôt après notre débarquement, me présenta deux cochons et quelques bananes avec les cérémonies ordinaires : je lui fis en retour un très-beau présent, et Oedidi lui donna aussi quelque chose. Un des deux cochons fut mangé à dîner. Pendant qu’on le préparait, je parcourus l’ouenoua d’Oedidi : c’était un terrain de peu d’étendue, mais agréable. Les maisons y étaient disposées de