Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/120

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manière à former un très-joli village, ce qui n’est pas commun dans cet archipel.

» En retournant au vaisseau, nous débarquâmes au coin d’une maison où nous aperçûmes quatre figures de bois de deux pieds de long, rangées sur une tablette : elles avaient une pièce d’étoffe autour des reins, et sur leurs têtes une espèce de turban garni de longues plumes de coq. Un naturel qui occupait la cabane nous dit que c’étaient eatoua note teouteou, les dieux des serviteurs ou des esclaves. Cette assertion ne suffit peut-être pas pour conclure qu’ils les adorent, et qu’on ne permet point aux serviteurs et aux esclaves d’avoir les mêmes dieux que les hommes d’un rang plus élevé. Je n’ai jamais ouï dire que Topia eût fait une pareille distinction, ni même que ses compatriotes rendissent un culte à quelque chose de visible. D’ailleurs ce sont les premières divinités de bois que nous ayons rencontrées sur ces îles ; nous jugeâmes que c’étaient des dieux, uniquement sur la parole d’un insulaire, peut-être superstitieux, et que peut-être nous n’avons pas compris. Il faut convenir que les habitans de cette île sont en général plus superstitieux qu’à Taïti. Dans la première visite que je fis au chef, il me pria de ne permettre à personne de mon équipage de tuer des hérons ni des piverts, oiseaux aussi sacrés chez eux que les rouges-gorges, les hirondelles, etc., le sont parmi les vieilles femmes en Angleterre. Topia, qui était prêtre, et qui