Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/124

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préparés au feu. Ils croient que chaque homme a au dedans de lui un être séparé appelé Ti, qui agit d’après l’impression des sens, et qui de ses conceptions forme des pensées[1]. Cet être, qui ressemble à l’âme, existe après la mort, et habite les images de bois placées autour des cimetières, auxquelles ils donnent le nom de Ti. Ainsi la croyance d’une vie à venir, et l’union de l’esprit et de la matière, sont répandues jusque sur les îles les plus éloignées. Nous n’avons pas pu découvrir s’ils admettent des récompenses ou des châtimens dans l’autre monde ; mais il est probable que ces idées ne sont point étrangères à une nation dont la civilisation est aussi avancée que celle de Taïti.

» La lune, suivant eux, a été créée par une divinité femelle nommée O-Hienna, qui gouverne aussi cette planète, et qui réside dans les taches ou les brouillards noirs. Les femmes chantent un couplet qui semble être un acte d’adoration à cette divinité : cet usage provient peut-être de ce qu’elles pensent qu’elle a de l’influence sur les infirmités périodiques de leur sexe.

 
Te-ouva no te malama,
Te-ouva te hinnaro.

Le brouillard en dedans de la lune,
Ce brouillard j’aime.

» On a lieu de supposer que, pour les Taïtiens, la déesse de la lune n’est pas la chaste

  1. Les naturels donnent aux pensées le nom de paroù no te obou, ce qui signifie littéralement, paroles dans le ventre.