Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/125

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Diane des anciens, mais plutôt l’Astarté des Phéniciens. Les étoiles ont été créées par une déesse appelée Tettou-Matarou, et les vents sont gouvernés par le dieu Orri-Orri.

» Outre ces grandes divinités, ils ont un nombre considérable de dieux inférieurs, dont quelques-uns passent pour être médians, et pour tuer les hommes pendant leur sommeil. Le tahova-rohaï, ou le grand-prêtre de l’île, les adore publiquement dans les principaux moraïs. On adresse aux dieux bienfaisans des prières qu’on ne prononce pas à haute voix : nous ne remarquions ces prières qu’au mouvement des lèvres des insulaires. Le prêtre lève les yeux au ciel, et l’éatoua ou dieu est supposé descendre et converser avec lui sans être aperçu du peuple, et sans être entendu de qui que ce soit, excepté du prêtre, qui, comme on voit, a soin de voiler la religion de mystères.

» On offre aux dieux des cochons, des volailles rôties, et toute sorte de comestibles, mais on ne rend d’autre culte aux divinités inférieures, et surtout aux esprits malfaisans, qu’une espèce de sifflement. On croit que quelques-uns habitent une certaine île déserte nommée Mannoa, où on les voit sous la figure d’hommes grands et forts qui ont des yeux farouches, et qui dévorent ceux qui approchent de leur côte. Ceci fait peut-être allusion à l’anthropophagie, qui semble avoir existé jadis sur ces îles, comme je l’ai observé ailleurs.

» Certaines plantes sont consacrées particu-