Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/134

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sailles, de plantes, de pierres, etc., que nous ne pouvions pas voir à cent cinquante pieds autour de nous. Prenant avec moi deux de mes officiers, j’entrai dans un sentier qui conduisait dans les bois : à peine eûmes-nous fait quelques pas, que nous entendîmes les Indiens s’avancer. Nous nous retirâmes sur notre premier poste, et je criai à M. Forster, qui était à environ deux cents pieds de la mer, d’en faire autant. Comme nous y arrivions, les insulaires parurent à l’entrée du sentier, à la distance d’un jet de pierre. Nous leur fîmes des signes d’amitié ; mais ils n’y répondirent que par des menaces : l’un d’eux, s’étant approché à cent cinquante pieds de nous, lança une pierre qui atteignit M. Sparrman au bras. Deux coups de fusil furent alors tirés sans ordre, et à cette décharge les insulaires rentrèrent dans la forêt pour ne plus se montrer.

» Un des champions qui vinrent nous braver, observe Forster, était noirci jusqu’à la ceinture : sa tête était ornée de plumes placées debout ; il tenait une pique à la main : on entendait par-derrière des Indiens qui parlaient et qui poussaient des cris. Il fut ensuite joint par un jeune homme sans barbe, noirci comme lui, et qui portait un long arc pareil à ceux de Tongatabou. C’est ce jeune homme qui jeta la pierre : le docteur Sparrman, dans le premier mouvement de douleur et de colère, lui lâcha son coup de fusil, qui heureusement ne parut pas le blesser.