Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/150

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boitant. Les insulaires, alors convaincus que l’affaire était sérieuse, prirent tous la fuite : je les rappelai, et plusieurs revinrent avec confiance. Cet acte de sévérité eut tout l’effet que j’en attendais ; le second mousquet fut incessamment rendu. J’ordonnai à l’instant qu’on relâchât les pirogues, afin de leur apprendre par quels motifs on les avait arrêtées ; le reste de ce qu’ils avaient volé étant d’une mince valeur, je ne poussai pas plus loin les recherches. Dans cet intervalle, le second canot était revenu à l’aiguade, et nous remplîmes nos futailles sans que les Indiens osassent s’en approcher, à l’exception d’un seul qui, dans tout ceci, avait hautement désapprouvé la conduite des autres.

» En revenant de l’aiguade, je trouvai beaucoup d’Indiens rassemblés près de l’anse ; ce qui fit conjecturer à quelques-uns de mes officiers que l’homme à qui j’avais tiré un coup de fusil était mort ou mourant. Cette conjecture me paraissait très-peu vraisemblable : je m’adressai à un naturel, qui semblait jouir d’une certaine considération, pour nous faire rendre l’herminette du tonnelier perdue dans la matinée. Aussitôt il détacha deux hommes, et je crus que c’était pour nous la rapporter ; mais je reconnus que nous ne nous étions pas entendus ; car, au lieu de l’herminette, on me présenta l’homme que j’avais blessé, et qu’ils avaient couché sur une planche. Le voyant étendu à mes pieds avec toutes les apparences de la