Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/151

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mort, je fus ému de ce triste spectacle : j’observai cependant bientôt qu’il n’avait de blessures qu’à la main et à la cuisse. J’envoyai chercher le chirurgien pour visiter ses plaies et y appliquer un remède convenable ; ensuite je parlai de l’herminette à différens insulaires, car j’étais résolu de me la faire rendre. Je questionnai en particulier une vieille Indienne qui, depuis mon premier débarquement, avait toujours eu beaucoup de choses à me dire ; dans cette occasion, elle donna une libre carrière à la volubilité de sa langue. Toute son éloquence était presque en pure perte : je compris seulement de sa harangue que je ne devais pas insister sur la restitution d’une chose de si peu de valeur. S’apercevant que j’y étais déterminé, elle se retira avec trois ou quatre autres femmes, et, l’instant d’après, l’herminette me fut rapportée, mais la vieille ne reparut plus. J’en fus fâché, car je voulais lui faire un présent pour la récompenser de l’intérêt qu’elle avait pris à toutes nos affaires générales et particulières. La première fois que j’étais venu à terre pour reconnaître l’aiguade, cette vieille m’avait présenté une fille, en me faisant entendre qu’elle était à mon service. La jeune miss, qui avait probablement reçu ses instructions, exigeait pour préliminaire un grand clou ou une chemise. Je lui dis par signes que je n’avais rien à lui donner, espérant par-là m’en débarrasser ; mais je me trompais fort, et la vieille m’assura que je pouvais disposer de la jeune per-