Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/153

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avait été tiré à vingt-cinq pas, les chairs étaient déchirées, et il souffrait de grandes douleurs.

» Je fis ensuite un présent au blessé, que son maître, ou du moins celui qui réclamait la pirogue, prit probablement pour lui.

» Ces insulaires firent tout ce qu’ils purent pour regagner nos bonnes grâces : après avoir rendu le fusil et la hache, une femme d’un moyen âge, qui semblait jouir de beaucoup d’autorité, dépêcha dans l’intérieur du pays quelques-uns de ses gens, qui rapportèrent la gibecière et le fusil de M. Patten.

» D’autres femmes, qui assistèrent au pansement de leur compatriote blessé, paraissaient fort empressées de rétablir la paix ; leurs timides regards nous reprochaient notre superbe et violente conduite. Elles s’assirent sur un joli gazon, et, formant un groupe de plus de cinquante, elles nous invitèrent à nous placer à leurs côtés : chacune d’elles avait des pamplemouses ; elles nous en donnèrent de petits morceaux, en nous prodiguant toutes les marques possibles de tendresse et d’affection. L’amie de M. Patten fut une des plus caressantes ; elle occupait un des premiers rangs parmi les beautés de l’île ; sa taille avait de la grâce ; toute sa personne offrait les contours les mieux dessinés, les formes les mieux proportionnées : ses traits, parfaitement réguliers, étaient pleins de douceur et de charme ; ses grands yeux noirs étincelaient de feu ; son teint était plus blanc que celui du bas peuple, et elle portait