Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/154

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une étoffe brune qui lui serrait le corps au-dessous de la gorge, mais qui s’élargissait ensuite par en bas ; ce vêtement lui allait peut-être mieux que la robe européenne la plus élégante.

» Dès que l’affaire fut arrangée, en apparence, à la satisfaction de tout le monde, nous retournâmes dîner à bord, où, trouvant une quantité considérable de fruits et de racines, j’ordonnai qu’on se tint prêt à mettre à la voile.

» Je fus alors informé d’une circonstance qu’on avait observée à bord. Les pirogues qui se trouvaient autour du vaisseau au moment où les canons firent feu s’étaient toutes retirées, à l’exception d’une seule, dont le maître s’occupait à vider l’eau. Au premier coup il regarda la pièce d’artillerie, et, sans se déconcerter, il resta précisément sous la bouche du canon, et continua son ouvrage. Le second coup ne fit pas plus d’effet sur cet intrépide Indien ; et ce ne fut qu’après avoir vidé l’eau de sa pirogue qu’il se retira sans montrer de frayeur. On avait souvent vu ce même Indien prendre des fruits et des racines dans les autres pirogues, et nous les vendre ; et si les propriétaires faisaient quelque difficulté de le laisser s’en emparer, il les emportait de force, ce qui le fit nommer par les gens du vaisseau le commis de la douane. Un jour qu’il avait levé cette espèce de tribut, il se trouvait près d’une pirogue à voile : un de ceux qui montaient cette