Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/16

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nombre que la veille ; ils nous vendirent du fruit à pain, des bananes et un petit cochon, pour des clous, des haches, etc. ; mais ils voulaient souvent garder nos marchandises sans rien donner en retour : je fus obligé de tirer un coup de fusil par-dessus la tête de l’un d’eux qui nous avait déjà trompé plusieurs fois. Ils se comportèrent ensuite avec plus d’honnêteté, et bientôt après quelques-uns montèrent à bord. Comme nous nous préparions alors à remorquer le vaisseau plus avant dans la baie, je m’embarquai sur un canot pour aller chercher un endroit où l’on pût commodément s’amarrer. Comme il y avait trop d’insulaires à bord, je dis aux officiers : « Vous devez bien les guetter ; sans cette précaution ils commettront des vols. » À peine fus-je dans le canot, qu’on me dit qu’ils avaient pris un des chandeliers de fer du passe-avant et qu’ils l’emportaient en fuyant ; j’ordonnai de faire feu sur la pirogue jusqu’à ce que je pusse l’atteindre avec la chaloupe, mais je défendis de tuer. Les insulaires faisaient trop de bruit pour que je fusse entendu, et le malheureux voleur fut tué au troisième coup. Deux autres qui l’accompagnaient se jetèrent à l’eau ; mais ils rentrèrent sur leur bord au moment où je m’en approchai : ils avaient jeté le chandelier à la mer. L’un d’eux, homme d’un âge mûr, vidait le sang et l’eau en poussant des éclats de rire convulsifs ; l’autre, un jeune homme d’environ quatorze ou quinze ans, jetait sur le mort un