Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/17

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regard triste et abattu : nous eûmes par la suite lieu de croire que c’était son fils.

» Les insulaires, ajoute Forster, traînèrent la pirogue sur la côte à travers le ressac, et portèrent le mort dans les bois. Bientôt on entendit le son des tambours, et l’on vit un nombre considérable d’habitans rassemblés sur la grève et armés de piques et de massues : ils semblaient nous faire beaucoup de menaces. On ne peut s’empêcher de gémir sur le sort de ce malheureux tué si légèrement. On accuse de cruauté, et avec raison, les premiers conquérans de l’Amérique parce qu’ils traitaient les peuples de ce continent comme des animaux qu’il est permis de tuer pour son amusement, et combien d’insulaires du grand Océan ont péri par les armes des Européens dans le dix-huitième siècle ! Oedidi fondit en larmes quand il vit un homme assassiner un autre homme pour une pareille bagatelle : sa commisération doit faire rougir ces marins civilisés qui parlent si souvent d’humanité sans que leurs cœurs soient plus compatissans.

» Je suivis les insulaires dans la baie, dit Cook, et je persuadai à ceux d’une pirogue de venir le long de mon canot : je leur donnai des clous et d’autres choses, ce qui dissipa un peu leurs craintes. Après avoir examiné la baie et trouvé de l’eau douce (c’était ce dont nous avions le plus besoin), je retournai à bord, et on alla placer l’ancre. Il semble que les insulaires, connaissant alors l’effet de