Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/169

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après le coucher du soleil. Quelques personnes de l’équipage pensaient qu’ils venaient comme espions, pour reconnaître si nous étions sur nos gardes ; mais leur conduite paisible ne donnait pas lieu à ce soupçon. Le capitaine défendit d’en laisser monter aucun à bord, et de rien acheter d’eux. Ils se retirèrent vers la côte à minuit ; ils chantèrent et battirent du tambour jusqu’au jour, et même nous en vîmes quelques-uns qui dansaient : nous en conclûmes qu’ils sont très-gais.

» Le lendemain, au point du jour, ils revinrent dans leurs pirogues, et se mirent à nous appeler. Il en monta plusieurs à bord ; ils ne tardèrent pas à se familiariser ; quelques-uns grimpèrent avec la plus grande aisance, par les haubans, jusqu’au haut des mâts. Nous n’avons jamais rencontré de peuple si intelligent ; ils comprenaient nos signes et nos gestes comme s’ils les avaient vu pratiquer depuis long-temps ; et en peu de minutes ils nous apprirent un grand nombre de mots de leur langue ; ce qui nous convainquit encore mieux qu’elle est absolument différente de cette langue générale dont on parle les dialectes divers aux îles de la Société, aux îles des Amis, aux Îles-Basses, à l’île de Pâques et à la Nouvelle-Zélande : elle n’est pas difficile à prononcer ; mais elle a plus de consonnes qu’aucune de celles dont on vient de faire mention : le son le plus singulier qu’ils formassent était celui de brrr. Ainsi, par exemple, un de nos amis s’ap-