Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/168

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nègres, le front très-petit, et quelquefois extrêmement déprimé : le visage et la poitrine de la plupart étaient d’ailleurs peints en noir ; ce qui nous blessait encore plus que leur laideur naturelle : quelques-uns portaient sur la tête un petit bonnet de natte ; mais ils étaient tous absolument nus. La plupart des autres nations se servent d’une pagne par pudeur ; mais le rouleau d’étoffe que ces insulaires portent constamment relevé et attaché à la ceinture, blesse tout-à-fait la modestie.

» Ils ne cessèrent de parler autour du bâtiment d’un ton très-élevé ; mais en même temps ils mirent tant de bonne humeur dans leurs propos, qu’ils nous amusèrent : dès que nous jetions les yeux sur l’un d’eux, il babillait sans aucune réserve, en faisant des grimaces affreuses. D’après leurs manières, leurs figures et leur loquacité, nous les comparions à des singes.

» Le soir ils retournèrent à terre ; ils y allumèrent des feux, et on les entendit parler aussi haut entre eux qu’ils avaient parlé près de nous ; mais à huit heures ils revinrent tous au vaisseau sur leurs pirogues avec des tisons brûlans, afin de recommencer une nouvelle conversation. Ils y mêlèrent une activité surprenante ; nos répliques avaient un peu moins de volubilité. La soirée fut calme et belle, et la lune brilla par intervalles. Nous fûmes surpris de les voir si empressés autour de nous la nuit, car les Indiens restent rarement autour d’un bâtiment