Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/172

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seulement ils mettaient du zèle à nous instruire, mais ils désiraient aussi d’apprendre notre langue, dont ils prononçaient si exactement les termes, que nous admirions la vivacité de leur pénétration et l’étendue de leur intelligence. Comme ils avaient les organes de la parole très-flexibles, nous essayâmes de leur faire prononcer les sons les plus difficiles des langues de l’Europe, et ils rendirent, sans la moindre difficulté, et après l’avoir entendue une seule fois, la syllabe russe chtch. Nous leur apprîmes ensuite les termes numériques anglais, et ils les répétèrent très-rapidement sur leurs doigts : en un mot, s’ils ne prêtaient pas une longue attention à nos discours, ils saisissaient et imitaient dès le premier instant tout ce que nous voulions leur dire.

» Ils nous vendirent des flèches empoisonnées, mais en nous avertissant de ne pas en éprouver la pointe contre nos doigts ; et ils nous assurèrent par les signes les plus intelligibles qu’un trait ordinaire peut transpercer le bras d’un homme sans le faire mourir, mais que la plus légère égratignure de ceux-ci suffit pour le tuer. Si, malgré ces conseils, nous les approchions de nos doigts, ils nous saisissaient amicalement par le bras, comme pour nous préserver d’un danger imminent. Vers midi, toute la foule se retira, et nous retournâmes à bord.

» Le jour était trop avancé pour retourner à terre après dîner ; les matelots furent employés