Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/184

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le rivage, et je distribuai des étoffes, des médailles, etc., aux insulaires. Ils m’offrirent de tirer les bateaux par-dessus les brisans de la pointe sablonneuse. Je ne doutai pas que cette offre ne fût amicale ; mais j’eus ensuite lieu de changer d’opinion. Voyant que nous nous refusions à ce qu’ils désiraient, ils nous firent signe de remonter la baie ; nous y consentîmes, et les insulaires, dont le nombre croissait prodigieusement, nous suivirent en courant. J’essayai de débarquer en deux ou trois endroits ; mais la grève ne paraissant point commode, je ne mis pas à terre. Les naturels, qui s’étaient sans doute aperçus de ce que je désirais, me conduisirent autour dune pointe de roche, où, sur une plage d’un très-beau sable, je débarquai en présence d’une grande foule, n’ayant à la main qu’un rameau vert que j’avais reçu de l’un d’eux. Je n’étais accompagné que d’une seule personne, et j’ordonnai à l’autre canot de se tenir à une petite distance au large. Les insulaires me reçurent de l’air le plus honnête et le plus obligeant, et s’éloignèrent de ma chaloupe dès que je les en priai par un signe de la main. L’un d’eux, que je pris pour un chef, leur fit former un demi-cercle autour de l’avant du bateau, et il frappa ceux qui tentaient de passer cette ligne. Je le comblai de présens ; mes libéralités s’étendirent aussi sur les autres, et je leur demandai par signes de l’eau fraîche, dans l’espérance de voir la source où ils la puisaient. Le chef parla tout de suite à un Indien