Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/185

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qui courut à une maison, d’où il revint avec de l’eau dans un vase de bambou. J’étais par-là peu instruit de ce que je voulais savoir. Je demandai ensuite des rafraîchissemens, et à l’instant on m’apporta un igname et des cocos.

» J’étais assez content de leur conduite, et la seule chose qui put me laisser du soupçon, c’est que la plupart d’entre eux étaient armés de massues, de lances, de dards, d’arcs et de flèches. Par cette raison, j’avais continuellement l’œil sur le chef, et je n’observais pas moins attentivement ses regards que ses actions. Il me fit plusieurs signes pour haler le bateau sur le rivage ; enfin il s’avança dans la foule, où je le vis causer avec plusieurs Indiens : revenant ensuite vers moi, il me répéta par signes de haler le bateau, et il hésita pendant quelque temps à recevoir les clous que je lui offrais. Alors, concevant des soupçons, je rentrai aussitôt dans le canot, en avertissant par signes les insulaires que j’allais revenir. Mais leur intention n’était pas que nous nous séparassions si vite, et ils essayèrent de nous obliger de force à ce qu’ils n’avaient pu obtenir par des manières plus douces. La planche de débarquement qui m’avait servi à rentrer dans le canot était malheureusement encore dehors. Je dis malheureusement, car si elle n’en eût pas été ôtée, et si l’équipage eût été plus prompt à pousser le canot au large, les Indiens n’auraient pas eu le temps d’exécuter leur dessein, et la scène fâcheuse qui suivit n’aurait pas