Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/186

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eu lieu. Au moment où nous voulions nous éloigner, ils saisirent la planche et la décrochèrent de l’arrière ; mais comme ils ne l’emportaient pas, je crus que cela s’était fait par accident, et j’ordonnai au canot de se rapprocher de terre pour la reprendre. Alors ils l’accrochèrent eux-mêmes sur l’étrave, et essayèrent de tirer le canot sur le rivage ; d’autres en même temps se jetèrent sur les avirons pour les arracher des mains des matelots. Voyant que je leur présentais le bout de mon fusil, ils lâchèrent prise ; mais un instant après ils revinrent avec la résolution de haler le canot sur la grève. Le chef était à la tête de la troupe, et ceux qui ne pouvaient pas nous serrer de près se tenaient derrière, ayant à la main des traits, des lances, des pierres, des arcs et des flèches, prêts à soutenir les premiers. Les signes et les menaces ne les contenant plus, il fallut penser à notre sûreté. Cependant je ne voulais pas tirer sur la multitude, et je résolus de rendre le chef seul victime de sa perfidie ; mais, dans cet instant critique, l’amorce brûla sans que le coup partît. Quelque idée qu’ils se fussent formée de nos armes, ils ne devaient plus les regarder que comme des armes d’enfans, et ils montrèrent combien les leurs étaient supérieures en faisant pleuvoir sur nous une grêle de pierres, de dards et de flèches. Je fus dans la nécessité d’ordonner de tirer. La première décharge les mit dans une grande confusion ; mais une seconde fut à peine suffisante pour les