Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/188

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» À notre arrivée à bord je fis lever l’ancre, dans le dessein de mouiller plus près du lieu du débarquement. Toute la côte occidentale était couverte de palmiers qui produisaient un bel effet, et qui paraissaient différens du cocotier. Sur ces entrefaites, plusieurs habitans parurent à la pointe basse du rocher, et nous montrèrent deux avirons que nous avions perdus dans le démêlé. Je regardai cette démarche comme un signe de leur soumission, et du désir qu’ils avaient de nous les rendre. Néanmoins on tira une pièce de quatre, pour leur donner une idée de nos canons : le boulet ne porta pas jusqu’à eux ; mais le bruit leur causa une telle frayeur, qu’ils ne reparurent plus, et ils laissèrent les avirons contre des buissons.

» Le temps était alors calme ; mais l’ancre était à peine au bossoir, qu’il s’éleva une brise du nord, dont nous profitâmes pour sortir de la baie ; nous n’espérions pas y pourvoir à nos besoins, du moins comme nous l’aurions désiré : d’ailleurs il était toujours en mon pouvoir d’y revenir, en cas que nous ne trouvassions pas une descente plus commode en nous avançant plus au sud.

» Ces insulaires paraissent être une race différente de celle qui habite Mallicolo ; aussi ne parlent-ils pas la même langue : ils sont d’une médiocre stature, mais bien pris dans leur taille, et leurs traits ne sont point désagréables ; leur teint est très-bronzé ; ils se peignent le visage, les uns de noir et d’autres