Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/193

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fut permis de dîner sans être troublés de leur part.

» Je comptai, observe Forster, les pirogues qui nous entouraient, et elles étaient au nombre de dix-sept ; les unes portaient vingt-deux hommes, d’autres dix, sept, cinq, et les plus petites deux ; de sorte qu’en tout il y avait plus de deux cents insulaires ; ils disaient quelques mots par intervalles, et semblaient nous adresser des questions ; mais quand nous prononcions un mot du dialecte de Taïti ou de Mallicolo, ils le répétaient sans paraître le connaître en aucune manière.

» Le premier vol qu’ils entreprirent de commettre, fut de prendre un filet qui contenait la viande salée de notre dîner, qu’on laissait flotter dans la mer pour l’y rafraîchir : on s’en aperçut, et on poussa des cris pour les engager à cesser. Ils s’arrêtèrent effectivement ; mais l’un d’eux brandit sa pique contre nous, un second ajusta un trait sur son arc, et sembla viser tour à tour plusieurs personnes placées sur le gaillard d’arrière. Le capitaine, afin de les effrayer, se disposa à tirer un coup de canon ; mais auparavant il fit signe aux pirogues de se ranger de côté, pour quelles ne fussent pas exposées à l’action du boulet. Ces marques d’autorité ne les offensèrent point, et ils vinrent promptement se placer à notre arrière. Au bruit du canon on vit les deux cents Indiens se jeter à la mer, et au milieu de cette consternation générale un jeune homme bien