Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/200

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jamais su à quel propos) quatre petits roseaux à deux pieds environ l’un de l’autre, sur une ligne perpendiculaire à la mer ; ils y étaient encore deux ou trois jours après. Le vieillard dont j’ai déjà parlé, et deux autres, étaient près de ces roseaux, et nous invitaient par signes à descendre à terre ; mais je n’avais pas oublié le piége qu’on nous avait tendu, et où je pensai me laisser prendre dans la dernière île. Tous ces apprêts devaient nous donner des soupçons sur leur dessein. Je répondis en faisant signe aux deux divisions, composées d’environ neuf cents hommes, de se retirer en arrière, et de nous laisser un plus grand espace. Le vieillard parut les y engager ; ils n’eurent pas plus d’égard pour lui que pour nous. Ils se rapprochèrent encore davantage ; et, à l’exception de deux ou trois, ils étaient tous armés. En un mot, tout tendait à nous faire croire qu’ils se proposaient de nous attaquer à notre descente. Il était aisé d’en prévoir les conséquences ; un grand nombre d’entre eux auraient été tués ou blessés, et nous-mêmes aurions difficilement échappé à leurs traits ; deux choses que je voulais également prévenir. Voyant qu’ils refusaient de nous laisser de la place, je crus qu’il était plus à propos de les effrayer que de les contraindre à la fuite par des décharges meurtrières. Je fis tirer un coup de mousquet par-dessus la tête de la division de notre droite, qui était la plus nombreuse (il y avait environ sept cents Indiens) ;