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descendit du vaisseau avec une corde : au moment qu’il les eut en sa possession, il se retira avec ses compagnons, en forçant de rames, sans vouloir livrer sa massue ou quelque chose en retour. C’était là ce que j’attendais, et je n’étais pas fâché d’avoir une occasion de convaincre la multitude qui bordait le rivage de l’effet de nos armes à feu, en ne leur faisant que le moins de mal possible. J’avais un fusil de chasse chargé à dragées, que je tirai ; et quand ils furent hors de la portée du mousquet, on lâcha quelques coups de mousqueton. À ce bruit, ils sautèrent par-dessus bord, se couvrant de leur pirogue, et nageant avec elle jusqu’au rivage. Cette mousquetade ne produisit que peu ou point d’impression sur ces insulaires ; ils n’en parurent que plus insolens, et commencèrent à pousser des cris et des huées.

» Après avoir assuré sur ses ancres le vaisseau, qui présentait le travers au rivage, et placé l’artillerie de manière à commander tout le havre, je m’embarquai avec les soldats de la marine et un détachement de matelots, dans trois canots, et je fis ramer vers le rivage. Deux troupes d’insulaires, rangées des deux côtés du lieu du débarquement, avaient laissé entre elles un espace d’environ cent à cent vingts pieds, dans lequel étaient placés des régimes de bananes, un igname et deux ou trois racines. Entre ces fruits et le bord de la mer, ils avaient dressé dans le sable (je n’ai