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sortaient de la bouche avec aisance. Dès que le premier insulaire eut fini sa chanson, un autre en entonna une seconde : la composition en était différente, mais toujours dans ce style sérieux qui indique le caractère général du peuple. En effet, on les voyait rarement rire de bon cœur, ou badiner comme les nations plus polies des îles des Amis et de la Société, qui savent déjà mettre un grand prix à ces petites jouissances. Les naturels nous montrèrent aussi en cette occasion un instrument musical composé de huit roseaux, comme le syrinx de Tongatabou, avec cette différence, que la grosseur des roseaux décroissait en proportion régulière, et qu’il comprenait une octave, quoique les roseaux ne fussent pas parfaitement d’accord. Peut-être qu’ils auraient joué devant nous de cet instrument, si l’arrivée de quelques-uns de leurs compatriotes qui venaient nous offrir des cocos, des ignames, des cannes à sucre et des figues, ne nous avait obligés de négliger les musiciens pour nous occuper de ceux qui nous apportaient un pareil présent. Je regrette beaucoup que l’ingénieux ami qui a eu la bonté de me communiquer ses remarques sur la musique des îles des Amis, de Taïti et de la Nouvelle-Zélande, n’ait pas également visité l’île de Tanna.

» Si l’esprit de vengeance est très-vif parmi les insulaires de Tanna, il faut convenir en même temps que la bienveillance et l’amour des hommes ne sont pas entièrement bannis de