Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/209

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devant une des maisons, et nous essayâmes de causer avec les insulaires, tandis que quelques-uns d’eux étaient allés nous chercher des rafraîchissemens. Je notai un grand nombre de mots de leur langue, et nous eûmes le plaisir de satisfaire leur curiosité relativement à nos habits, nos armes, etc., sur lesquels ils n’avaient pas encore osé nous adresser une seule question. Les habitans des plantations voisines, apprenant notre arrivée, se rassemblèrent en foule autour de nous, et parurent charmés de ce que nous conversions amicalement et familièrement avec eux. Je fredonnai par hasard une chanson ; ils me prièrent instamment de chanter ; quoique aucun de nous ne fût habile musicien, nous satisfîmes leur curiosité, et nous leur chantâmes différens airs. Les chansons allemandes et anglaises, surtout les plus gaies, leur plaisaient infiniment ; mais les airs suédois du docteur Sparrman obtinrent des applaudissemens universels. Quand nous eûmes fini, nous les priâmes de vouloir bien aussi nous donner une occasion d’admirer leurs talens. L’un d’eux commença à l’instant un air très-simple, mais harmonieux ; nous n’en avions jamais entendu un pareil chez les différentes nations du grand Océan. Il embrassait une plus grande quantité de notes que ceux de Taïti, ou même de Tongatabou, et il avait un tour sérieux qui le distinguait avantageusement de la musique plus douce et plus efféminée de ces îles. Les mots paraissaient disposés en mètre, et