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débarqua avec la garde, et les insulaires se précipitèrent en foule autour de lui. Mais, dès que la garde fut descendue à terre, il eut toutes les peines du monde à les empêcher de s’enfuir : enfin leurs craintes se dissipèrent, et ils nous vendirent des fruits et des cochons. Il paraît qu’ils avaient pris la fuite la veille, parce qu’ils ne le voyaient pas à la tête du détachement ; et, sans sa présence, ils se seraient également retirés.

» Vers midi, un chef, suivi de beaucoup de monde, se rendit au lieu du débarquement : le capitaine lui offrit toutes les bagatelles qu’il avait ; le sauvage, de son côté, donna quelques-uns des ornemens dont il était paré. Ces échanges finis, il parut que la bonne intelligence régnait entre nous : ayant acheté assez de fruits pour en charger deux canots, nous retournâmes dîner à bord, sans que le chef voulût nous accompagner.

» Il portait un manteau d’écorce de mûrier, pareille à l’étoffe de Taïti ; il avait aussi un diadème, un hausse-col, des pendans d’oreilles, enfin des touffes de cheveux autour des jambes. On nous fit entendre que c’était le roi de toute l’île, quoiqu’on ne lui témoignât pas beaucoup de respect. Il nous dit qu’il s’appelait Honou[1], et qu’il était he-ka-oï, titre qui correspond sans doute à l’éri de Taïti et à l’ériki

  1. Ce mot signifie tortue dans la langue de Taïti ; et il est probable que ces peuples empruntent quelquefois leurs noms de ceux des animaux, comme les habitans de l’Amérique septentrionale. Le mot o-tou, nom du roi de Taïti, signifie héron.