Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/236

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» À peine eut-on mouillé l’ancre, que nous fûmes environnés d’une foule d’Indiens qui nous avaient suivis dans seize ou dix-huit pirogues, et dont la plupart étaient sans armes. Ils n’osèrent pas d’abord accoster le vaisseau ; mais bientôt nous leur inspirâmes la confiance de s’approcher assez pour recevoir des présens. Nous les leur descendions au bout d’une corde, à laquelle ils attachaient en échange des poissons tellement gâtés, que l’odeur en était insupportable ; ce qui était déjà arrivé dans la matinée. Ces échanges formant entre nous une sorte de liaison, deux Indiens hasardèrent de monter à bord, et bientôt les autres remplirent le vaisseau. Quelques-uns s’assirent à table avec nous. La soupe aux pois, le bœuf et le porc salés étaient des mets qu’ils n’eurent pas la curiosité de goûter ; mais ils mangèrent des ignames que nous avions encore, et qu’ils nommèrent oubi. Ce nom diffère peu d’oufi, ainsi qu’on les appelle dans la plupart des îles, à l’exception de Mallicolo. Comme toutes les nations que nous avions récemment visitées, ces Indiens sont presque nus ; à peine se couvrent-ils les parties naturelles d’une espèce de pagne, telle qu’on en porte à Mallicolo. Ils furent curieux d’examiner tous les coins du vaisseau, qui leur causait une extrême surprise. Les chèvres, les cochons, les chiens et les chats leur étaient si inconnus, qu’ils n’avaient pas même de termes pour les nommer. Ils paraissaient faire un grand cas des clous et des pièces d’étoffe, parmi les-