Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/245

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duisait un concert charmant, et causait un vif plaisir à tous ceux qui aiment cette musique simple. Les habitans eux-mêmes s’asseyaient communément au pied de ces arbres, qui ont une qualité remarquable : de la partie supérieure de la tige ils poussent de larges racines, aussi rondes que si elles étaient faites au tour : elles s’enfoncent en terre à dix, quinze et vingt pieds de l’arbre, forment un cordeau très-droit, extrêmement élastique, et aussi tendu que la corde d’un arc au moment que le trait va partir. Il paraît que c’est de l’écorce de ces arbres que les habitans tirent les petits morceaux d’étoffe qui leur servent de pagnes.

» Ils nous apprirent quelques mots de leur langue, qui n’avait aucun rapport avec celle des autres îles. Leur caractère était doux et pacifique, mais très-indolent : ils nous accompagnaient rarement dans nos courses. Si nous passions près de leurs huttes, et si nous leur parlions, ils nous répondaient ; si nous poursuivions notre route sans leur adresser la parole, ils ne faisaient pas attention à nous. Les femmes étaient cependant un peu plus curieuses ; elles se cachaient dans des buissons écartés pour nous observer ; mais elles ne consentaient à venir près de nous qu’en présence des hommes.

» Ils ne parurent ni fâchés ni effrayés de nous voir tuer des oiseaux à coups de fusil ; au contraire, quand nous approchions de leurs maisons, les jeunes gens ne manquaient pas de nous en montrer, pour avoir le plaisir de les